Sunday, February 13, 2011

Wael Ghonim : nouvelle icône de la révolution égyptienne

LEMONDE.FR | 09.02.11 | 12h09  •  Mis à jour le 09.02.11 | 18h07

Il est devenu l'un des symboles de la contestation en Egypte. Wael Ghonim, jeune cyber-militant de 30 ans arrêté pendant les manifestations contre le président Hosni Moubarak, a été accueilli mardi en héros place Tahrir après douze jours de détention. Acclamé par une foule de manifestants qui l'ont applaudi les larmes aux yeux, le chef du marketing de Google pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, n'a pas hésité : "Je ne suis pas un héros, vous êtes les héros, c'est vous qui êtes restés ici sur la place."
"J'aime à appeler ça la révolution Facebook mais après avoir vu les gens ici, je dirais que c'est la révolution du peuple égyptien. C'est formidable", a-t-il ensuite affirmé lors d'une conférence de presse improvisée place Tahrir. A ses côtés se tenait la mère de Khaled Saïd, un jeune homme battu à mort par la police, devenu un symbole de la lutte contre la répression policière.
"LES YEUX BANDÉS PENDANT DOUZE JOURS"

Porté disparu depuis le 27 janvier, le jeune homme, qui travaille aux Emirats, était rentré au Caire pour prendre part à la première des manifestations géantes organisées par l'opposition pour exiger le départ du chef de l'Etat. Deux jours plus tard, il était arrêté et remis aux très redoutés services de sécurité d'Etat. Pendant plusieurs jours, ses amis et ses proches s'étaient donné le mot sur Twitter pour le retrouver. Google avait également créé une page sur son blog en arabe pour inciter les Egyptiens à lui communiquer toute information concernant son employé.

Libéré, Wael Ghonim a raconté sa détention devant les caméras de la chaîne privée Dream 2 lundi soir. Un entretien chargé d'émotion, suivi par des millions d'Egyptiens. "J'ai eu les yeux bandés pendant douze jours (...), je n'entendais rien, je ne savais rien", a décrit le jeune militant, confirmant être l'administrateur de la page Facebook "Nous sommes tous Khaled Saïd" (du nom de ce jeune homme battu à mort par des policiers à Alexandrie en juin dernier après être sorti d'un cyber-café), un relais qui a joué un rôle-clé dans le lancement de la contestation

Amnesty International avait dit craindre qu'il soit torturé, mais Wael Ghonim a affirmé qu'il ne lui était "rien arrivé". "Je ne suis pas un héros, j'ai dormi pendant douze jours. Les héros, ce sont ceux qui étaient dans la rue, qui ont participé aux manifestations, sacrifié leur vie, ont été battus, arrêtés et exposés au danger", a-t-il martelé, visiblement épuisé, la voix régulièrement entrecoupée de sanglots. "Ceci est la révolution des jeunes de l'Internet, qui est devenue la révolution des jeunes d'Egypte, puis la révolution de l'Egypte entière."

Wael Ghonim a indiqué avoir été reçu par le ministre de l'intérieur, Mahmoud Wagdi, au moment de sa libération. "Je ne peux pas vous dire à quel point je suis fier de vous (...), parce que le ministre de l'intérieur était assis face à moi comme si on était sur un pied d'égalité, il me parlait en partant du principe que j'étais fort et qu'il était fort", a dit le jeune homme à l'adresse des manifestants.
Il a également confirmé que le nouveau secrétaire général du Parti national-démocrate (PND) du président Moubarak, Hossam Badrawi, avait joué un rôle dans sa libération. "Je ne le remercie pas, a déclaré Wael Ghonim. Ce qu'il a fait, c'était son devoir parce que je suis un jeune qui aime l'Egypte et un fils d'Egypte. (...) Je lui ai dit : 'Je ne veux voir le logo du PND dans aucune rue d'Egypte, je ne veux plus voir le PND'."
Lorsque la chaîne a diffusé des images des jeunes gens tués pendant les manifestations, le jeune homme, très affecté, s'est effondré. "Je veux dire à toute mère, tout père qui ont perdu un fils, je m'excuse, ce n'est pas de notre faute, je le jure, ce n'est pas de notre faute, c'est de la faute de toute personne qui était au pouvoir et s'y est accrochée", a-t-il gémi en sanglotant, la tête rentrée dans les épaules. "Je veux partir", a-t-il ensuite lancé, avant de se lever précipitamment et de quitter le studio.
La diffusion de l'entretien a suscité des réactions en cascade sur les réseaux sociaux. Le site Internet Global Voices en a recensé quelques-unes :

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