Montréal; le 11 février 2011
Par : Amir M. Maasoumi
C’est comme du déjà vue. « Shah est parti! » scandait un peuple en euphorie et libéré de ses peurs, à travers le pays et quelques mois avant la « reddition » finale de l’armée impériale toute puissante, dans un autre 11 février froid de 1979 qui a mis un terme au régime monarchique. Un régime qui tenait plus à cœur les intérêts, le « bien-être » et la « sécurité » de « ses maitres d’outremers et de leurs alliés dans la région » que de ceux de son propre peuple…
Depuis 32 ans jour pour jour, des analystes tentent d’expliquer cette Révolution populaire et non violente. L’une des plus grandes et exceptionnelles – de par ses caractères - du siècle des Révolutions; le 20ème siècle.
D’expliquer et de comprendre ce phénomène de révolte populaire généralisé en Iran du Shah, qui a pu changer la face de la région, voir du monde. Ce phénomène qui a modifié à jamais l’équilibre des forces coloniales dans cette partie du monde et qui a donné naissance en outre, à des sous produits peu désirables comme le « Benladenisme », le « Talibanisme », le « Jihadisme » etc…
Sans faire de parallèle simpliste entre les réalités sociopolitiques, historiques et surtout économiques entre l'Égypte d'aujourd'hui (Et par l’extension entre l’Égypte et chacun des pays de cette région en ébullition.) avec l'Iran d'il y a plus de 30 an, des réalités tout à fait distinctes et différentes, il n’en reste pas néanmoins que ces réalités, chacune particulières dans leur propre contexte, portent des "noyaux" communs et déterminants que malheureusement ni les stratèges occidentaux - à cause de leur méconnaissance et surtout des intérêts qu’ils défendent - ni même des analystes sincères - à cause des limites de leur approche cartésienne et de leur vision de monde "intoxicOccidantalisée"- ni même leurs experts et intellectuels autochtones "assimilés", ne sont pas en mesure de saisir ni de comprendre. Attention! L’Occident ici, n'est pas une région géographique et/ou continentale, comme certains "continentalites" et adeptes de la théorie des « conflits entre les civilisations » prétendent. L’occident ici est avant tout, un « état d’esprit », un paradigme, une façon d’être et surtout un mode de pensée, une vision de monde dominante, "normalisée" et "normalisatrice" par ses raisonnements et par ses méthodes d’interprétation et de "reconstruction" du réel.
C’est ce même problème de regard qu’a pu produire, lors du soulèvement des jeunes urbains iraniens de l’année dernière, dans des médis occidentaux et chez les « nostalgiques de l’ancien ordre monarchique et impérial», le même faux « enthousiasme et espoir», la même illusion et propagande … qu’à l’opposé et chez des intellectuels « gauchistes », des appuis sans réserves à un Ahmadi-Najad populiste et démagogue, des justifications rêvées venues « du ciel », ce que ce régime répressif, autocrate et archaïque avait désespérément besoin.
Quoi qu'il en soit, ces révoltes populaires dans la région, ces « Révolutions en devenir et embryonnaires », donc facilement "avortables" et amèrement détrônables, que l’on tente à tout prix de comprendre, de leur inculquer un certain sens, de les "modeler", d’y effectuer de "l'Ingenireing social"…, ne s’expliquent pas par des gris d’analyses prédéterminés – marxiste classique, fonctionnaliste, utilitaristes etc... - élaborés et appartenant à des réalités sociohistoriques et conjoncturelles très étrangères à celles des réalités et des dynamiques de cette région.
Depuis plusieurs semaines déjà, des analystes et des reporters défilent dans les Médias, font couler des encres et gaspillent des salives pour finalement répéter les mêmes refrains. De dire la même chose qu’ils ont dite sur l’Iran entre autre depuis longtemps, sans remarquer que ces « explications » ont démonté leur lamentable stérilité. Sans admettre que se sont ces mêmes « mécompréhensions » et refus de voir la réalité, qui les ont conduits, qui nous ont conduits au bord de cette situation explosive dans cette région du monde.
Contrairement à ce que l’on répète et redit, le moteur de ces révoltes - tous niveaux d'analyses, économiques, politiques, sociaux, culturels, structurels et démographiques ... confondus, n’est pas uniquement LA ou LES CAUSES suivantes :
- La modernisation/occidentalisation rapide d'une société traditionnelle,
- La "Réaction" contre et la peur de la « modernité »,
- La résistance des grands propriétaires terriens, la petite bourgeoisie traditionnelles (Bazars et petits marchands ) face à la monté d'un bourgeois comprador, une économie "intégrée" dans le système mondial,
- La hausse des prix des nourritures et des denrées de bases,
- Le taux de chaumage élevé,
- La corruption,
- L' échec total d’un modèle de « l'État nation post colonial »,
- L'absence de l’alternatives idéologiques dû à l'échec de l'expérience dévastatrice du nationalisme et du socialisme à l'échelle mondiale et régionale,
- La monté de l'intégrisme et la "guerre des religions",
- Le conflit et " la confrontation civilisationnelle et continentale" dû à l’incompatibilité de l’islam avec la modernité et la démocratie,
Même pas :
- La modernisation/occidentalisation rapide d'une société traditionnelle,
- La "Réaction" contre et la peur de la « modernité »,
- La résistance des grands propriétaires terriens, la petite bourgeoisie traditionnelles (Bazars et petits marchands ) face à la monté d'un bourgeois comprador, une économie "intégrée" dans le système mondial,
- La hausse des prix des nourritures et des denrées de bases,
- Le taux de chaumage élevé,
- La corruption,
- L' échec total d’un modèle de « l'État nation post colonial »,
- L'absence de l’alternatives idéologiques dû à l'échec de l'expérience dévastatrice du nationalisme et du socialisme à l'échelle mondiale et régionale,
- La monté de l'intégrisme et la "guerre des religions",
- Le conflit et " la confrontation civilisationnelle et continentale" dû à l’incompatibilité de l’islam avec la modernité et la démocratie,
Même pas :
- L’inégalité entre homme et femme,
- La « dualité structurale » entre des institutions et des valeurs « modernes importées» d’une part et de l’autre, des institutions et des valeurs historiques et plusieurs fois millénaires encore très puissantes,
- Le déséquilibre démographique. La population très jeune,
- L'absence de la "Liberté" (Réduite souvent à la liberté de l’expromission qui concerne, surtout dans cette région, une petite élite intellos - et non pas la masse...),
- La répression, le système policier et dictatorial,
- L’absence de la "démocratie" ( ?),
- L'absence de perspective d’avenir et le désespoir,
- L'absence de la "Liberté" (Réduite souvent à la liberté de l’expromission qui concerne, surtout dans cette région, une petite élite intellos - et non pas la masse...),
- La répression, le système policier et dictatorial,
- L’absence de la "démocratie" ( ?),
- L'absence de perspective d’avenir et le désespoir,
- La violence et l’archaïsme « inné » de l’Islam et des musulmans,
- Les caractères « innés » et culturels des gens de cette régions (L’argument raciste ou fasciste utilisé souvent par des sionistes, des néoconservateurs et leurs acolytes – notamment ceux des leaders arabes utilisés pour justifier leur mépris : « Les gens de cette régions, ne sont pas comme nous, les juifs et occidentaux qui partageons les mêmes valeurs, et on ne peut pas agir avec la démocratie et les valeurs de liberté et de droits de la personne avec eux… »)
La liste est longue.
La liste est longue.
Toutes ces raisons (sauf certaines! Les plus insensées…), peuvent être des éléments d'influences/déclencheurs - avec des degrés d’impacts différents - mais ni individuellement, ni toutes ensembles, elles ne sont LA/LES véritables CAUSES de ces révoltes.
Si l'on connait bien l'Histoire (plusieurs fois millénaire), l’histoire contemporaine, la mentalité et les valeurs de ces peuples, on pourra facilement comprendre qu'avant "Le pain" et/ou "La liberté" - dans le sens très restrictif et sélectif du terme entendu par des médias occidentaux - ce sont la dignité et la justice qui déterminent, en tant que valeurs centrales, les consciences et les agissements de ces peuples. Sinon, comment peut-on expliquer qu’on donne, qu’on sacrifie son « pain », sa « liberté » même plus encore, sa Vie, pour la dignité et la justice?
Si l'on connait bien l'Histoire (plusieurs fois millénaire), l’histoire contemporaine, la mentalité et les valeurs de ces peuples, on pourra facilement comprendre qu'avant "Le pain" et/ou "La liberté" - dans le sens très restrictif et sélectif du terme entendu par des médias occidentaux - ce sont la dignité et la justice qui déterminent, en tant que valeurs centrales, les consciences et les agissements de ces peuples. Sinon, comment peut-on expliquer qu’on donne, qu’on sacrifie son « pain », sa « liberté » même plus encore, sa Vie, pour la dignité et la justice?
Une mentalité basée sur des valeurs et formée par la mémoire d’un passé fier et glorieux ne se conjuguera pas pendant longtemps avec un présent misérable et humiliant, avec une dignité confisquée!
Ces paradoxes sont non seulement incompatibles - pour une longue période - dans la conscience, dans l’esprit de ces peuples, mais aussi irréconciliables dans leur vie, dans leur réalité quotidienne.
C'est de ce point de vue qu'on peut comprendre pour quoi la première chose qu'on entend ces jours-ci, de la part des Tunisiens, des Égyptiens et de tous les arabes, des larmes de joie, de la dignité reconquise à leurs yeux, c'est :« Je suis fière! C’est la première fois dans ma vie que je me sent aussi fière d’être un arabe, un tunisien, un égyptien…!»
C'est cela la clé de la compréhension du sens le plus profond de ces révoltes, de ces rages accumulés de générations en générations.
Ces révoltes, ces premières véritables "Révolutions post-chute-soviétique » non-téléguidées par l'occident, que dans certaines tentatives de récupérations on a même commencé à baptiser à l’image des "Révolutions de velours et de couleurs", (“ La révolution de Jasmin" dans le cas de la Tunisie… mais rien dans le cas de l’Égypte…) et on a rapidement changé d'avis de peur de leur légitimation partout dans le monde arabe ou de peur d'être accusé à juste titre, d’interventionnisme colonial..., ne sont pas uniquement, je me répètes, ni pour le « Pain ni pour la Liberté d’expression» et moins encore pour la « démocratie »....( Dans les sens bien clairs utilisés en Occident, des élections et la victoire garantie pour ceux qui ont des moyens fonciers et des appuis étrangers…).
Le coup d'État de CIA contre Dr, Mossadegh en 1953 en Iran et l'humiliation subite de cette intervention indigne par un peuple historique et fier, et ce qui est devenu ce pays par après; « Le gendarme des intérêts des autres et l'allié inconditionnel d’Israël » entre autres..., explique en grande partie et fondamentalement, la Révolution iranienne de 1979 et de ce qu’elle est devenue par la suite. La résistance et la rage du peuple iranien, encore manifeste plus de trente ans après sa révolution et en dépit d’un régime totalitaire, réactionnaire et répressif, n’a pas diminuée pour autant. Une résistance très cher payé par ce peuple pour rester digne face à l’arrogance grossière est d’interventions injustes et injustifiées de l’occident, notamment dans la guerre destructrice qu’un de leurs vassales, leurs hommes de mains de l’époque, Saddam Hossein, a imposé à ce peuple. De même que l’hypocrisie et la mascarade orchestrée autour de son dossier nucléaire civil depuis plusieurs années. Un pari risqué, motivé par « d’autres objectifs » que le simple « faible enrichissement de l’uranium » par l’Iran; alors que contrairement à Israël qui n’est même pas membre de cette organisation internationale, toutes ses installations sont sous la surveillance étroite de l’Agence de l’énergie atomique.
Du même point de vue, un type comme Mollâ Omar, leader des Talibans, formé, aidé et mis au pouvoir par des occidentaux et de leurs alliés ’’ modérés’ régionaux; lorsqu'on a « exigé » de lui avec mépris et arrogance, de livrer son "Invité devenu son gendre" Bin-Laden, celui qui à pris le « sanctuaire » chez lui, même ce mercenaire d’hier n'a pas pu accepter cette bassesse. Cette transgression des règles les plus élémentaires qui régissent ces sociétés. Question d’honneur, de fierté et de dignité. Même lui, au prix de perdre tout, au prix de la destruction et des massacres dans son pays déjà martyrisé et ruiné, n’a pas pu accepter une telle humiliation et il a déclenché avec d’autres patriotes Afghan, et depuis plus de 7 ans une résistance nationale héroïque contre des envahisseurs étrangers tout puissants, en mettant à genoux toutes les forces militaires de l'OTAN et de ses alliés combinés.
On peut cacher sa tête sous des sables, comme le font ces reporteurs sur place, ces envoyés spéciaux, et... de leurs experts et analystes… On peut tenter d’influencer le cours de ces événements, de le détourner… On peut de sacrifier lâchement ses hommes de mains et ses serviteurs d’hier, devenus fardeaux aujourd’hui; afin de sauver le système. De faire en sorte qu'une armée dépendante jusqu'à l'os au financement étranger et l’appui technique et logistique Israélien, ce principal instrument de la répression et de la situation actuelle, soit présentée d’un coup comme le "héros et le sauveur du peuple, du pays". On peut envoyer des serviteurs serviles, des " Oui messié le docteur...", des ‘’personnalités’’ comme Mohammed "El-Baradei", pour "sauver" le pays du "chaos"…. De brandir sans cesse l’épouvantail usé du « danger » de L'islam, de l’intégrisme, de la violence et du terrorisme islamique.... Mais, on ne peut jamais arrêter l'explosion inévitable de ce "volcan". Le rebond de ce " ressors" qu'on a poussé jusqu'à sa limite du "supportable". L’expression de cette accumulation de rage, du ras-le-bol, de l’indignation, du sentiment d’injustice qui habite au plus profond de ces peuples.
Nous vivons des moments historiques; le début du réveil et de la renaissance du peuple arabe à la conquête de sa dignité. Le début de la fin d’une souffrance insupportable : le déchirement et la « dualité » dans sa conscience et dans sa réalité!
Le visage de cette partie du monde, à partir de maintenant et vu l’importance et le poids de l’Égypte, ne sera plus le même. Comme se fut le cas après le départ du Shah en Iran de 1979.
Et si l’on ne veut pas répéter l’amère expérience poste révolutionnaire iranienne. Une situation qui nous incombe tous, les pays environnants, les occidentaux, les opposants au régime postrévolutionnaires… et non pas uniquement le régime lui-même. Et si l’on veut éviter une telle déroute pour l’Égypte et d’autres pays en ligne, on doit au lieu de continuer d’aller en guerre ‘’contre le moulin imaginaire’’ admettre notre propre responsabilité dans la création de cette situation et surtout, de changer nos lunettes et nos attitudes colonial et suprématistes. De reconnecter humblement à la réalité complexe de ce monde et de ses souffrances.
I faudrait qu’on réalise que dans cette région du monde, une nation, un pays fier et digne, avec un peuple pauvre et sans liberté d’expression, peut survivre. Mais une nation, un pays sans fierté ni dignité, même avec un peu de pain et de la liberté, jamais! C'est ce que la logique occidentale à beaucoup de mal à comprendre.
Dans cette marmite bouillante au bord de l'explosion. Dans ce " monde arabe o musulman"(Une autre construction abusive et abstraite occidentale…), sauf de rares exceptions (Le cas de l’Iran. Là ou le pays est relativement « digne et libre» de dictats et d’ingérence coloniaux et impérialistes - et son peuple pas du tout libre...), ni les pays sont libres ni les peuples. Ni les pays ont la dignité ni les peuples. C'est un fait qui ne peut pas perdurer très longtemps. Et cela, en dépit de la patience, de la lenteur, de l’inaction et du laxisme apparent devenus légendaires de ces peuples. Car dans ces culture historiques, les gens entretiennent « différents rapports avec le temps », et cela, à l’image et à l’échelle de leur longue Histoire!
Un hadith (Dits et faits attribués au Prophète de l'islam), résume parfaitement cet état d'esprit:
Une société, une nation peut perdurer et survivre dans la pauvreté ou dans la mécréance, mais jamais dans l'injustice, dans la servitude et dans l'absence de dignité!
(Mécréance: Le Kofr en terme arabe et théologique islamique…. N’oublions pas cependant que c’est un prophète qui parle avec la première mission de propager la Foi en Dieu et de lutter contre la mécréance!).
(Mécréance: Le Kofr en terme arabe et théologique islamique…. N’oublions pas cependant que c’est un prophète qui parle avec la première mission de propager la Foi en Dieu et de lutter contre la mécréance!).
Pourrait-on donc saisir cette simple réalité afin d’éviter de reproduire le terrible exemple Iranien? D’éviter de contribuer encore à la monté, au renforcement, voir la prise de pouvoir du monstre que nous même nous créons? Des monstres comme Saddam Hossein, Binladin, Taliban etc… De cet épouvantail de l’intégrisme que nous inventons, manipulons si allégrement et que nous redoutons tant?
Alors que sous le ciel du moyen orient l’espoir du départ des dictatures vassales et la fin du mépris plaine. Au moment ou le peuple de l’Égypte célèbre le départ de despote, le meilleur ‘’ami et alliée d’Israël et d’occident’’ et ennemi de son propre peuple, c’est l’avenir qui nous dira si nous avons appris de nos erreurs du passé. De l’Histoire.
Cela cependant dépend, en grande partie, aux agissements des gouvernements occidentaux face à la nouvelle réalité et face à la volonté de peuples de cette région qui exige dorénavant la fin du méprit, de l’injustice et le respect de sa dignité.
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