Sunday, April 20, 2014

Ce que la junte égyptienne meurtrière veut de Stephen Harper



La junte brutale de l'Egypte aimerait bien que le Canada devienne la première nation démocratique à être d'accord pour appeler les frères musulmans comme une organisation terroriste.

Par Haroon Siddiqui, chroniqueur

Mercredi 16 Avril 2014
http://www.fischer02003.over-blog.com/2014/04/for-a-free-egypt.html

Original in English:
http://www.thestar.com/opinion/commentary/2014/04/16/what_the_murderous_egyptian_junta_wants_from_stephen_harper.html

http://forafreeegypt.blogspot.ca/2014/04/what-murderous-egyptian-junta-wants.html


Le gouvernement militaire de l'Egypte, celui qui a pris le pouvoir par un coup d'état en juillet 2013 et a créé un état policier depuis, fait du lobbying auprès des gouvernements potentiellement amis pour qu'ils fassent l'impasse sur sa misérable situation des droits humains et pour l'aider à écraser saa seule opposition réelle, les frères musulmans, en les désignant comme un groupe terroriste. Le premier ministre canadien Stephen Harper est parmi ceux sur lesquels la junte militaire fonde ses espoirs.   

S'il acceptait, il serait le seul pays démocratique à le faire.

En février, l'Arabie Saoudite a suivi l'Egypte en traitant les frères musulmans comme une organisation terroriste. Le seul autre état à l’avoir jamais fait était la Russie, en 2006, quand Vladimir Poutine l’a fait comme une faveur à un autre gouvernement militaire, celui du président Hosni Moubarak.

En échange, le maréchal égyptien Abdel Fattah al Sissi peut libérer le citoyen canadien Mohamed Fahmy, le journaliste d'al Jazira détenu au Caire avec deux collègues depuis le mois de décembre avec plusieurs accusations, dont celle de terrorisme.

Son crime n’est pas ce qu’il a rapporté, mais plutôt qu'il travaille pour le réseau de télévision financé par le Qatar, qui a soutenu le printemps arabe qui a conduit à des élections que les frères musulmans ont gagnées.

L’Arabie Saoudite, les Émirats Arabes Unis et d'autres monarchies ont donné aux généraux égyptiens des milliards de dollars d'aide et des prêts pour l'écrasement des frères musulmans. C'est la seule institution viable en Égypte autre que l'armée, et ses ramifications dans le monde arabe en font la seule opposition démocratique potentielle aux régimes autocratiques enracinés.

Le ministre canadien des affaires étrangères John Baird est attendu au Caire jeudi et vendredi. Nous verrons quelles concessions il offrira au régime militaire, au-delà de ce qu’Ottawa a déjà fait.

Harper était aussi sceptique par rapport au printemps arabe que les généraux de la région et les émirs du pétrole non élus. Quand Mohammed Morsi, le premier président égyptien élu, a été renversé et emprisonné l'an dernier, Harper est resté muet. Quand il a finalement parlé, il s'est félicité de coup d'état militaire d’al Sissi comme un « retour à la stabilité ». Le premier ministre est parmi ceux qui croient encore à la fausse croyance selon laquelle la sécurité d'Israël est mieux assurée par les dictateurs militaires et les monarques de la région.

La paix durable sera faite par des démocraties, pas par des régimes de clients dont l'illégitimité, en fait, érode le soutien à Israël et produit des sentiments anti-américains et anti- occidentaux.

Harper et Baird se sont fait entendre sur le sort des chrétiens coptes en Egypte, tandis qu’ils courtisaient les électeurs chrétiens coptes au Canada. Cette communauté ethnique a aidé les conservateurs à gagner la province de Mississauga Erindale en 2008. Avec le redécoupage des circonscriptions, le vote copte serait important dans trois circonscriptions de Mississauga. Le député de l’une d’entre elles, Brad Butt (la même personne qui a du retirer ses accusations selon lesquelles il avait vu la fraude électorale lors des élections), a déposé une pétition à la chambre des communes demandant de désigner les frères musulmans comme une organisation terroriste. L'automne dernier, une délégation de chrétiens coptes faisait du lobbying à Ottawa pour une telle désignation. Parmi ceux qui lui prêtaient une oreille attentive il y avait David Anderson, secrétaire parlementaire de Baird, et le ministre de l'immigration Chris Alexander.

Le bureau de Baird a dit qu’au Caire il rencontrera, outre les apparatchiks du gouvernement, des « groupes religieux » (lire, les chrétiens coptes). Il dit aussi que « ce sera le signal de la volonté du Canada d'appuyer l'Egypte au cours de cette importante transition » (lire, le régime militaire est très bien).

Ceci est en accord avec l'utilisation par Harper de la politique étrangère comme un moyen pour gagner des voix parmi les minorités ethniques. Outre les communautés juives et coptes, la posture agressive de Harper sur l'Ukraine vise clairement les canadiens d'origine ukrainienne, comme ses récentes prises de position en faveur des tamouls canadiens n’étaient pas motivées par le long règne de terreur du gouvernement sri-lankais contre les tamouls. L'an dernier, Harper a boycotté le Sommet du Commonwealth à Colombo et le lundi, Baird a suspendu le financement annuel de dix millions de dollars d'Ottawa au secrétariat du Commonwealth à Londres pour « avoir fermé les yeux sur des violations des droits de l'homme » au Sri Lanka.

La posture sur l'Egypte est particulièrement honteuse, considérant que l'armée et la police égyptienne ont tué plus de mille civils depuis juillet (c'est dans la même ligne que le massacre de 1989 des manifestants non armés sur la place Tiananmen). Plus de seize mille égyptiens ont été arrêtés. L'an dernier, le physicien canadien Tarek Loubani et le cinéaste John Greyson ont été libéré seulement après une longue campagne publique. Khaled al Qazzaz, résident permanent du Canada, marié à Sarah Attia, née à Toronto, est toujours en prison. Il a travaillé pour Morsi et a été arrêté après le coup d’état, jeté en cellule d'isolement, sans accusation et privé de contact avec sa famille.

Les groupes de droits humains égyptiens et internationaux ont condamné la vague de violence officielle, la justice sauvage et le règne de la terreur et de la torture déclenchée par la junte militaire. 

Particulièrement féroce a été le traitement des femmes militantes, y compris des jeunes filles, qui sont soumises à un harcèlement sexuel, à des tests de virginité (en particulier approuvés par al Sissi) et à des viols.

Mais Harper et Baird pensent qu’al Sissi est simplement génial.

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